Au Congo, les associations font barrage au harcèlement sexuel en milieu scolaire
Au Congo Brazzaville, alors que 58 % des filles accèdent au collège, seules 6 % poursuivent leurs études jusqu’à l’université. L’une des principales raisons de cette rupture est le harcèlement sexuel, très fréquent en milieu scolaire. Le phénomène s’est banalisé et de nombreuses jeunes filles subissent cette forme de violence de la part de leurs enseignants ou responsables d’établissement. Les victimes ignorent le plus souvent les textes qui les protègent et ne savent pas vers qui se tourner pour se défendre.
En vue de lutter contre cette violence faite aux femmes, l’Association pour la Promotion de l’Initiative Privée (APIP) a lancé une campagne pour prévenir le harcèlement sexuel en milieu scolaire, en partenariat avec des associations locales dans le cadre du Programme Concerté Pluri Acteurs mené par le CFSI.
Le but est de sensibiliser les lycéens en leur enseignant leurs droits. Les garçons et les filles de plusieurs lycées de la capitale et de Pointe-Noire, la deuxième grande ville du pays, ont suivi des sessions de formation centrées sur les textes de loi pour la protection de l’enfant. Ils savent désormais vers qui se tourner en cas de problème et se sont également formés à la communication non violente. Ils disposent d’un numéro de téléphone pour dénoncer des cas de harcèlement.
Le personnel enseignant et administratif s’est engagé dans ce projet et a participé à des débats sur l’assistance aux victimes d’abus sexuels. L’Association pour la Promotion de l’Initiative Privée a mis en place des cellules d’écoute qui accueillent les jeunes femmes et distribue des brochures sur le harcèlement sexuel.
Les sanctions juridiques existent mais le sujet reste tabou : les coupables demeurent souvent impunis faute de plaintes. Le fait de promouvoir la loi auprès des lycéens pousse les victimes à briser le silence.
A l’heure actuelle, si le droit des enfants est effectivement reconnu au Congo, il n’existe aucune règlementation spécifique contre le harcèlement sur les jeunes femmes majeures. A long terme, ce projet permettra d’interpeller les décideurs politiques pour qu’ils votent une loi contre le harcèlement sexuel. En sensibilisant la population et en se basant sur les dépôts de plainte et les témoignages collectés par les cellules d’écoute, les associations peuvent changer la donne au niveau politique.
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une initiative plus vaste soutenue par les donateurs du CFSI, l’Union Européenne et l’Agence française de développement qui rassemble une centaine d’associations congolaises et françaises. 43 projets ont été mis en œuvre depuis 2010. Pour poursuivre ses actions au Congo, le CFSI doit collecter 50 000 euros d'ici fin 2013. Votre soutien est indispensable !