En Guinée : des parcours professionnalisants pour les jeunes ruraux

En Guinée : des parcours professionnalisants pour les jeunes ruraux

Constituée à 85 % de personnes de moins de 45 ans et 50 % de moins de 15 ans (source Unicef 2013), la population guinéenne est très jeune. Malheureusement, du fait de l’absence d’un système éducatif adapté (le taux d’alphabétisation atteint 37,6 % chez les hommes de 15 à 24 ans et moins de 22 % chez les femmes du même âge), le taux de chômage atteint 70 %, encourageant à la petite délinquance, à un exode sans espoir d’avenir vers les villes ou encore, à la migration vers la France ou d’autres pays d’Europe.

Cependant, le pays ne manque pas de ressources : 70 % de sa population active dépend du secteur agricole (source MEFR), notamment les femmes, chargées traditionnellement des cultures vivrières. Le développement de débouchés professionnels à destination de la jeunesse dans les filières agricoles s’est donc imposé comme une évidence.

Active dans le pays depuis plus de 25 ans dans le domaine de l’insertion des jeunes, l’ONG internationale Coopération Atlantique Guinée 44, membre du CFSI, développe depuis 2015 un projet de formation professionnelle en alternance à destination des jeunes ruraux de 15 à 35 ans, dans le cadre du programme Coopérer autrement en acteurs de changement.

L’idée est de créer et développer deux Maisons Familiales Rurales (MFR) sur les territoires de Friguiagbé (Kindia) et de Kolaboui (Boké), en partenariat avec les Fédérations départementales des Maisons Familiales Rurales de Sarthe et de Mayenne, le service international de l’Union Nationale des Maisons Familiales Rurales d’Education et d’Orientation (UNMFREO) et la Fédération MFR Monde et grâce au soutien financier de la Région Pays de la Loire.

Nées dans les années 30, les Maisons Familiales Rurales sont le fruit d’une expérience originale menée dans un petit village du Lot-et-Garonne. Quelques agriculteurs ont eu l’idée d’inventer une formation pour répondre aux besoins de leurs métiers et promouvoir l’éducation des jeunes en milieu rural. Ce modèle qui s’exporte désormais dans le monde entier, laisse une place de choix aux familles afin qu’elles puissent être impliquées dans la vie et l’organisation de chaque Maison.

A ce jour, les 2 MFR sont officiellement constituées en association et sont accompagnées par un animateur afin de renforcer leur capacité organisationnelle et technique. Elles sont en lien avec les Fédérations des MFR françaises et 2 MFR basées au Bénin et au Burkina Faso afin d’échanger les savoirs faire et les expériences pour la conception des parcours pédagogiques.

Une première expérience de 2 formations courtes en maraîchage et culture de l’ananas ont vu le jour, à destination de 80 producteurs (dont 53 femmes) permettant une réelle prise de responsabilités des parents et des collectivités locales dans l’éducation et l’insertion socioéconomique de leurs enfants. Parmi les avancées concrètes sur le terrain nous pouvons également citer : la reconnaissance de la place des jeunes dans le tissu socioprofessionnel et économique de la région, l’émergence de dynamiques collectives entre les apprenants sortis des MFR et le renforcement de leurs liens avec les organisations paysannes de la région.

Si la crise Covid-19 a mis à l’arrêt certaines activités, deux formations longues de 6 mois sont prévues à partir de l’année 2021 à destination de 40 jeunes, suivies de phases d’accompagnement pour l’installation et l’insertion.

Pour Guinée 44, l’objectif est de pérenniser l’expérience, développer l’offre de formation (chef d’exploitation agricole, chef d’atelier de transformation…) et dupliquer le modèle, tout en lui trouvant des voies de financement pérennes, auprès notamment des collectivités locales. Enfin, l’offre de formation conçue doit être reconnue au niveau national afin d’entrer dans les programmes officiels de formation.

« Il y a de fortes interdépendances entre nos filières agricoles en France et celles d’Afrique de l’Ouest. Nos modes de consommations ici peuvent causer beaucoup de tort sur la capacité des filières là-bas à créer de l’emploi, notamment s’agissant des filières avicoles et laitières. [NDLR les importations de surplus de stocks de produits européens à bas coûts concurrencent dangereusement la production locale]. Si nos modes de consommation ici tuent les débouchés économiques là-bas, les jeunes continueront de faire le choix de la migration. »

Texte écrit à partir d’un témoignage de Charline Attia, Directrice Guinée 44, 6 octobre 2020.

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