Du 4 au 6 novembre 2025, le Comité Français pour la Solidarité Internationale (CFSI), la Fondation de France, le Réseau des organisations paysannes et de producteurs agricoles d’Afrique de l’Ouest (Roppa) et l’Oadel ont réuni à Lomé les partenaires du programme Promotion de l’agriculture familiale en Afrique de l’Ouest (Pafao, cofinancé par l’AFD). L’objectif de cette rencontre : mieux intégrer les enjeux nutritionnels dans l’accompagnement des filières alimentaires locales.
Pendant deux jours, chercheurs, acteurs publics, ONG, organisations paysannes et entrepreneurs ont échangé autour de deux grandes questions :
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Comment développer des filières alimentaires locales tout en luttant contre l’explosion des maladies liées à la mauvaise alimentation ?
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Quels leviers mobiliser pour accompagner les jeunes vers de meilleures habitudes alimentaires ?
Un triple fardeau nutritionnel qui progresse rapidement
Dans de nombreuses villes d’Afrique, les pratiques alimentaires évoluent très vite. À côté des carences en micronutriments, le surpoids, l’obésité et les maladies chroniques progressent fortement.
Cette transition s’explique notamment par l’abandon progressif des repas traditionnels au profit d’une alimentation plus grasse, plus sucrée et souvent ultratransformée : boissons gazeuses, restauration de rue rapide, aliments trop salés, trop raffinés et pauvres en fibres.
On parle alors de triple fardeau nutritionnel, c’est la coexistence, dans un même pays, dans une même famille ou parfois chez une même personne, de :
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Sous-nutrition.
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Carences en micronutriments (fer, iode, vitamine A…).
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Surnutrition (obésité, diabète, hypertension…).
Pour prévenir cette situation préoccupante, il est essentiel d’agir dès maintenant sur les comportements alimentaires, en particulier chez les jeunes.
Les résultats préliminaires d’une enquête menée auprès de 591 jeunes et 295 ménages
Le Centre africain de recherche en épidémiologie et santé publique (Caresp) a mené une enquête auprès de 591 jeunes et 295 ménages, dans la commune de Lomé, à l’initiative du CFSI et de la Fondation de France, en collaboration avec l’Oadel et l’association Santé Diabète. Deux médecins en santé publique du Caresp, Ousmaou Gobitaka et Emmanuel Kota-Mamah, ont restitué les premiers résultats de cette enquête, lors de l’atelier.
L’étude met en lumière une situation contrastée :
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Les jeunes gardent encore un lien fort avec la cuisine traditionnelle.
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Leur motivation à mieux manger existe bel et bien.
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Cependant, les taux de surpoids et d’obésité observés sont particulièrement inquiétants pour une tranche d’âge aussi jeune. En parallèle, leurs apports en nutriments essentiels restent insuffisants.
Les chercheurs soulignent un équilibre fragile entre tradition, contraintes économiques et influence des réseaux sociaux, qui modèlent fortement la manière de consommer en ville.
À partir de ces premiers résultats de l’enquête, le Caresp propose d’orienter les politiques publiques locales vers le soutien à :
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Des programmes d’éducation nutritionnelle participatifs, associés à davantage d’activités physiques.
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Des circuits courts et des marchés solidaires, pour rendre les produits locaux sains, plus accessibles.
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Des campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux, un espace incontournable pour toucher les 16-25 ans.
Ensemble, faisons progresser le consommer local au service de la santé
Cet atelier a été l’occasion de renforcer les liens entre partenaires engagés pour une alimentation locale, durable et accessible. Un pas supplémentaire vers un objectif partagé : préserver la santé des jeunes et construire des systèmes alimentaires plus justes et plus résilients en Afrique de l’Ouest.
Pour soutenir ces actions et contribuer vous aussi à l’amélioration des systèmes alimentaires en Afrique de l’Ouest, faites un don.
