Promouvoir les droits des travailleurs face au changement climatique : interview de Boris Plazzi de la CGT
Dans le cadre du programme Coopérer autrement en acteurs de changement, la CGT conduit une initiative pilote en Arménie et en Géorgie : « Promouvoir les droits des travailleurs face au changement climatique » dans l’’objectif d’intégrer les enjeux climatiques dans les revendications syndicales et construire, avec les partenaires locaux, une transition juste qui ne sacrifie pas les droits des travailleuses et travailleurs.
Une initiative pour une transition juste et solidaire
« Cette initiative vise à traduire les grandes recommandations internationales en réalités concrètes », explique Boris Plazzi, membre du Bureau confédéral de la CGT en charge des questions internationales.
Elle s’appuie sur l’échange d’expériences entre syndicats, la sensibilisation des responsables syndicaux aux enjeux climatiques et la préparation de campagnes adaptées aux contextes locaux.
La démarche entend également encourager un dialogue social qui prenne en compte l’adaptation au changement climatique et la protection des travailleurs. Un enjeu d’autant plus fort dans la région du Caucase du Sud où les syndicats d’Arménie et de Géorgie s’engagent désormais activement dans le mouvement syndical international sur le climat.
La co-construction du projet a été rendue possible grâce au mécanisme de cofinancement des dialogues nécessaires à la co-construction des initiatives mis en place par le CFSI. C’est ce qui nous a permis de nous rendre sur le terrain pour concevoir l’action avec les partenaires locaux. « Le changement climatique est un défi global qui dépasse les frontières géographiques, politiques et économiques », rappelle Boris Plazzi. « Il est devenu impératif d’imposer une transition juste, qui ne laisse personne de côté. »
Une coopération ouverte à la société civile
Au-delà du monde syndical, le projet mobilise également d’autres acteurs institutionnels et associatifs. En Arménie et en Géorgie, les partenaires syndicaux participent à la plateforme de la société civile du Partenariat oriental de l’Union européenne, un espace de dialogue qui relie les acteurs locaux aux institutions européennes.
Depuis 2025, la CGT y représente la Confédération européenne des syndicats (CES), aux côtés de la Confédération arménienne CTUA et d’organisations non gouvernementales. « Ce mandat est l’un des impacts concrets de notre initiative », souligne Boris Plazzi. « En Arménie, cette plateforme tient ses réunions dans les locaux mêmes de la CTUA, ce qui témoigne de la reconnaissance institutionnelle croissante du rôle des syndicats. »
« Par ailleurs, l’Arménie est engagée dans un processus de consolidation de ses institutions démocratiques. Lors de notre déplacement en avril, nous avons pu constater sur place la dynamique de construction citoyenne en cours, dans laquelle les syndicats jouent un rôle structurant. »
Cette ouverture à la société civile renforce la légitimité des syndicats dans les débats publics et favorise une approche intégrée entre justice sociale et justice environnementale.
Des premiers impacts concrets sur le terrain
Les effets de cette coopération se mesurent déjà.
Pour les partenaires arméniens et géorgiens, le projet a permis d’enraciner les enjeux de transition écologique dans leurs pratiques syndicales et de se positionner comme des interlocuteurs crédibles auprès des autorités locales.
La visite de la CGT dans les zones marginalisées ou en tension, comme la ville de Kapan, dans la région du Syunik (Arménie), revêt une portée symbolique forte. La rencontre avec les grévistes de la plus grande mine de cuivre du pays a constitué un geste concret de solidarité, renforçant la légitimité et la capacité d’action des syndicats locaux.
En septembre, une délégation de la CGT s’est rendue en Géorgie pour échanger avec la centrale syndicale GTUC sur les défis liés à la fermeture des mines de charbon et aux projets de barrages hydroélectriques dits « verts ».
« La transition juste ne peut rester un concept théorique ; elle doit répondre à des besoins très concrets », insiste Boris Plazzi.
À moyen terme, la préparation de la COP Biodiversité 2026 en Arménie représente un autre impact structurant :
« Les syndicats sont déjà très présents lors des COP Climat. Nous souhaitons désormais renforcer leur participation dans les COP Biodiversité, afin de promouvoir une approche intégrée entre biodiversité, climat et désertification. »
Merci à Boris Plazzi pour cet entretien.
Retrouvez l’intégralité de l’entretien avec Boris Plazzi ici.
Cette initiative fait partie du programme Coopérer autrement en acteurs de changement, soutenu par l’Agence française de développement, la Fondation de France et les donateurs du CFSI.
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