Congo Brazzaville : Défendre les droits des enfants des rues

Nana, élève en classe de 4e raconte : « Des personnes âgées sont venues nous donner des conseils. Elles nous ont dit de ne pas prendre de la drogue, les ‘‘tramadols’’, parce que ce n’est pas bon pour la santé ».
« Aujourd’hui on a appris qu’il n’était pas bien d’avoir des films pornographiques dans nos téléphones. Nous avons le droit d’avoir des moments de repos et des moments de jeux. Nous avons droit à l’éducation. Lorsque nous avons des problèmes à la maison ou avec d’autres personnes, nous avons le droit d’appeler l’assistante sociale ou madame la Procureur », ajoute Princesse, élève en classe de 6e.
À Pointe-Noire, capitale économique de la République du Congo, la forte croissance démographique liée aux migrations internes provoquées par les conflits armés et la crise économique depuis la fin des années 90 a été accompagnée d’un phénomène nouveau : celui des enfants et des jeunes de la rue. Les derniers chiffres en date provenant du Samu social de Pointe-Noire font état de 1 500 enfants en situation de rue en 2010 et la situation depuis ne s’améliore pas.
Dans l’arrondissement 1 Lumumba, les forces de l’ordre, les élèves de 4 collèges et de 4 centres d’hébergements et de centres de rue (soit 400 enfants au total) ainsi qu’une centaine de responsables de quartiers ont bénéficié de formations sur les droits de l’enfant.
Le Secours international du mouvement chrétien pour la solidarité et l’association Jeune Exprime-Toi sur le Sida, ont lancé en 2019 ce projet, soutenu par l’Union européenne dans le cadre de son instrument pour la démocratie et les droits de l’homme et qui permet de travailler avec des groupes vulnérables, tels que des jeunes en insertion professionnelle, des femmes domestiques ou des enfants déscolarisés.
Pour cela, la structure s’appuie sur loi n°4-2010 du 14-06-2010 portant protection de l’enfant en République du Congo, ainsi que sur les textes internationaux et régionaux protégeant les droits de l’enfant telle que la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant.
L’objectif est de sensibiliser et de former à la fois les enfants, les encadrants (parents d’élèves, responsables des comités de quartiers…), ainsi que les pouvoirs publics (services sociaux, gendarmes et policiers…) aux droits de l’enfant. Entre autres, le Parquet de Pointe-Noire via madame la Procureur pour enfants, la Direction départementale des Droits humains, la Direction départementale des Affaires sociales via la Circonscription d’actions sociales de Lumumba font preuve d’une grande implication.
Si le projet est toujours en cours et intègre notamment la rescolarisation d’une quarantaine d’enfants ainsi que la formation de 500 parents d’élèves, les résultats sont déjà positifs : une centaine d’enfants ont déclaré ne pas disposer d’actes de naissance et cinq ont témoigné auprès de madame la Procureur d’actes de violence et de maltraitance dont ils ont été victimes dans leur milieu familial, ce qui a abouti à 5 cas de poursuites judiciaires.
Ce projet est réalisé par deux OSC membres du PCPA Congo, programme cofinancé par l’Agence Française de Développement et les donateurs du CFSI. Pour que ces projets se multiplient et prennent de l’ampleur, le CFSI a besoin de votre soutien. Faites un don.