Manifestation des agriculteurs à Paris, France (2010) © Croquant / Wikimedia Commons

Alors que les agriculteurs se mobilisent pour faire entendre leurs revendications sur l’ensemble du continent européen, le CFSI rappelle l’urgence à soutenir des systèmes agricoles et alimentaires durables et solidaires, créateurs d’emplois agricoles et ruraux décents, respectueux de l’environnement, des paysans et des paysannes, ici et à l’international. Cet article fait suite à la tribune parue le 5 février dans Le Monde, où une cinquantaine d’organisations, dont le CFSI, affirmaient que seule une réorientation de la politique agricole apporterait des solutions durables à la crise que traversent la France et l’Europe.

Agriculteurs : un monde hétérogène qui se rassemble face à de multiples défis

Dans de nombreux pays européens, la colère des agriculteurs et des agricultrices témoigne du mal être et des inquiétudes de cette profession, soumise à des injonctions parfois contradictoires. On leur demande de produire une alimentation saine, en quantité suffisante, tout en respectant l’environnement, mais à moindre coût et sans leur assurer les moyens suffisants pour changer de système de production.

En France, 18 % des ménages agricoles vivent sous le seuil de pauvreté. Cette précarité s’explique par les coûts de production toujours plus élevés. En Europe, ces derniers sont de moins en moins tenables pour les agriculteurs et les agricultrices, tant en conventionnel qu’en biologique. A l’inverse, les prix de vente sont de plus en plus instables. L’ouverture des biens alimentaires au commerce international laisse place à une concurrence déloyale de produits ne respectant pas les mêmes normes et entraine la spéculation. C’est pourquoi le CFSI défend depuis plusieurs années une exception agricole et alimentaire car les produits agricoles ne sont pas des marchandises comme les autres : ils doivent être exclus des accords de libre-échange.

A cet impératif économique majeur, s’ajoute la question de la transmission des exploitations aux prochaines générations. Le Collectif Nourrir – dont fait partie le CFSI – estime que la moitié des agriculteurs et agricultrices actuels seront à la retraite dans les dix prochaines années, et compte 200 fermes disparaissant chaque semaine. Cette absence de renouvellement inquiète et contribue à creuser les inégalités entre les gros producteurs et les plus petits. L’accès au foncier est très coûteux, ce qui empêche l’installation de jeunes générations non issues du monde agricole. En Allemagne, le prix des terres agricoles a doublé, voire triplé en l’espace de quelques années. Et aucune disposition des pouvoirs publics n’incite à l’installation paysanne.

« Travailleurs de la terre », ils sont aussi les plus directement touchés par les effets du changement climatique. Or, les défis environnementaux sont souvent traduits par les pouvoirs publics en injonctions supplémentaires plutôt qu’en réel accompagnement. Il est question du stockage du carbone dans les sols, de la fourniture de biomasse, de l’accès aux ressources naturelles telles que l’eau, de la préservation et de la reconstitution de la biodiversité, des pollutions engendrées par les pesticides de synthèse et de toute la gestion des écosystèmes avec lesquels ils travaillent. Pour autant, les politiques agricoles européennes et nationales n’accompagnent pas suffisamment et économiquement une transition agroécologique sereine. L’aide et la reconnaissance pour celles et ceux qui rendent des services écosystémiques sont nettement insuffisantes.

Ces crises du monde agricole appellent à des changements structurels et à une réflexion de fond sur la vision de l’agriculture de demain fondée sur la justice sociale. Selon Aurélie Catallo, directrice Agriculture France à l’IDDRI, l’Institut du développement durable et des relations internationales, il est nécessaire d’organiser un débat public, avec les différentes parties prenantes de la profession agricole et prendre en compte les réalités économiques pour accompagner les paysans et les paysannes vers l’évolution de leur métier. Les enjeux sont planétaires comme le souligne le Réseau des organisations paysannes et de producteurs d’Afrique de l’Ouest (Roppa). Dans une lettre ouverte du 1er février, les représentants des paysans ouest-africains témoignent de leur solidarité avec leurs collègues européens car ils sont tous sans distinction géographique, celles et ceux qui ne parviennent pas, pour des raisons essentiellement politiques, à vivre dignement de leur travail.

Une question politique qui nous concerne toutes et tous

La Politique Agricole Commune (PAC), ciment fondateur de l’Europe de l’après-guerre, représente aujourd’hui un budget de 58 milliards d’euros. Avec près de 500 millions de citoyens et citoyennes en Europe, la PAC coûte 117 euros par habitant. Les agriculteurs européens dépendent des aides de la PAC, mais celles-ci, distribuées proportionnellement à la surface, sont très inégalement réparties : 80 % des aides de la Politique Agricole Commune (PAC) vont à 20 % des agriculteurs et agricultrices ! Il est légitime de demander à ce que l’aide publique assure des conditions de travail et un revenu décent pour les paysans et les paysannes, sécurisant l’agriculture de demain dans l’intérêt de tous.

Avec le programme ALIMENTERRE, le CFSI et ses organisations membres rappellent que les citoyens et citoyennes, conscients des injustices du système alimentaire globalisé, ont un rôle à jouer. En soutenant les producteurs et les productrices, les circuits courts, les programmes alimentaires territoriaux (PAT) en faveur d’une agriculture locale durable et d’un commerce internationale équitable et en interpellant ses élus pour des politiques agricoles et alimentaires plus justes, chacun peut agir pour construire des systèmes alimentaires durables et solidaires.

 

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Photo : Manifestation d’agriculteurs à Paris, France (2010) © Croquant / Wikimedia Commons

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