Lors de son Assemblée générale annuelle, qui s’est déroulée le 26 juin dernier, le CFSI a coorganisé, avec des organisations membres et des partenaires, un débat passionnant sur les transformations en cours dans la solidarité internationale. Face à un contexte mondial en recomposition, chacun a souligné l’urgence de repenser nos façons de coopérer, de défendre la place des sociétés civiles et de rendre visible l’interdépendance entre les peuples.

Un contexte de bascule et de fragilisation

Jérôme Fauré, Directeur exécutif de Coordination SUD, a dressé le constat d’une période marquée par un « choc de la coupure » : l’arrêt brutal de financements par l’USAID, la baisse généralisée de l’APD (Aide publique au développement) en Europe et le désengagement croissant des collectivités locales, confrontées à des contraintes budgétaires. Si cette contraction s’inscrit dans une logique de repli sur soi et de priorisation d’autres dépenses (la défense notamment), elle oblige les ONG et agences comme l’AFD à questionner leurs narratifs et à documenter davantage les effets concrets des solidarités.

La fragilisation des relations commerciales, l’envolée du coût de la vie et les tensions géopolitiques renforcent un climat d’incertitude. Face à ces bouleversements, Jérôme Fauré a souligné la nécessité d’un nouveau récit, plus transparent et partagé, pour rendre visible la réalité des interdépendances.

La montée des logiques idéologiques et le recul de la solidarité organisée

Boris Plazzi, Secrétaire confédéral de La CGT, a rappelé que cette crise n’est pas qu’économique : c’est d’abord une crise politique. Il a pointé la « trumpisation » des sociétés occidentales et la réorientation des budgets vers les intérêts du capital au détriment de l’intérêt général et des solidarités. La baisse historique des financements fragilise l’autonomie des associations et des syndicats et pèse directement sur l’emploi. Pourtant, a-t-il rappelé, la solidarité internationale reste un levier de transformation, tournée vers l’autodétermination et la justice fiscale mondiale.

Corinne Makowski, Secrétaire nationale du Secours populaire français, a dénoncé la marchandisation progressive du secteur, où les associations sont mises en concurrence avec des entreprises privées, au risque de perdre leur ancrage citoyen. Elle a insisté sur le rôle des associations comme espaces d’éducation populaire et de lien social, particulièrement auprès des jeunes générations qui, selon l’étude de l’INJEP de 2023, se mobilisent de plus en plus autour des causes solidaires.

Refonder la coopération sur la confiance, la sincérité et l’humilité

Imelda Agondanou, Chargée de programme Roppa Afrique de l’ouest, en écho à plusieurs intervenants, a plaidé pour des relations plus équilibrées, qui ne fassent pas l’impasse sur l’histoire : reconnaître les torts liés à la relation coloniale, partager les responsabilités et inventer de nouvelles bases de coopération. « Une humanité divisée ne survivra pas », a-t-elle affirmé, rappelant que la sincérité du dialogue et l’humilité restent des conditions essentielles.

Pour Dominique Potier, Député de la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle et administrateur de l’AFD, grand témoin à notre débat, la solidarité internationale est au cœur de l’héritage démocratique européen : « Nous sommes les héritiers d’une mémoire. » Il a souligné la nécessité de maintenir le multilatéralisme et de défendre la dignité humaine comme un combat unique, face à l’émergence de l’extrême droite et au risque de repli identitaire.

Des alternatives concrètes et des alliances à renforcer

Le Programme Coopérer Autrement en Acteur de Changement (CAAC) rappelle que des alternatives existent : partenariats sur un pied d’égalité, ancrage territorial, approches collectives, renforcement des mouvements sociaux et syndicaux. Des exemples inspirants ont été partagés : la collaboration avec des syndicalistes arméniens sur l’extractivisme, des convergences de mobilisation avec l’Azerbaïdjan, ou encore les actions de sensibilisation des « Copains du monde », qui permettent aux plus jeunes de s’impliquer activement.

José Tissier, Président de Commerce Équitable France, a souligné l’importance du commerce équitable comme levier concret : au-delà d’un meilleur prix, il contribue à la durabilité environnementale et à un rééquilibrage des rapports de force. De son côté, le Ministère des Affaires étrangères a rappelé les avancées permises par la loi de 2021, qui consacre le passage de l’aide au partenariat, ainsi que l’importance des cadres multilatéraux, même si les restrictions budgétaires et les tensions diplomatiques restent des freins.

Se réinventer ensemble, pour une solidarité qui relie

Le débat s’est conclu sur une conviction partagée : plus que jamais, il faut recréer des liens humains, des espaces de dialogue et des alliances qui dépassent les postures descendantes. Comme l’a rappelé Jérôme Fauré : « Garder la tête froide et le cœur chaud » est sans doute le plus sûr moyen de défendre la place des sociétés civiles et de continuer à faire société ensemble, ici et ailleurs.

 

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